Le licenciement d’un salarié peut parfois être accompagné d’une clause de non-sollicitation, qui prévoit l’interdiction pour le salarié de démarcher ou d’embaucher des employés de son ancienne entreprise après son départ. Mais quelles sont les conditions de validité d’une telle clause ? Quels sont les risques encourus en cas de non-respect ? Cet article vous apporte un éclairage sur ces questions.
I. Les conditions de validité d’une clause de non-sollicitation
Pour être valable, une clause de non-sollicitation doit répondre à certaines conditions posées par la jurisprudence :
- Elle doit être nécessaire à la protection des intérêts légitimes de l’entreprise : il faut que l’employeur puisse justifier que la sollicitation des employés par l’ancien salarié nuirait à la bonne marche de l’entreprise. Par exemple, si le salarié exerçait une fonction commerciale et avait un contact direct avec la clientèle, une clause de non-sollicitation pourrait être justifiée.
- Elle doit être limitée dans le temps : il n’est pas possible d’imposer une interdiction permanente à un ancien salarié. La durée doit être raisonnable et proportionnée aux intérêts en jeu (généralement entre 6 mois et 2 ans).
- Elle doit être limitée dans l’espace : la clause doit définir un périmètre géographique précis et raisonnable, en fonction de l’activité de l’entreprise et des responsabilités du salarié. Une interdiction trop large pourrait être considérée comme abusive.
- Elle ne doit pas empêcher le salarié de retrouver un emploi : si la clause a pour effet de priver le salarié de toute possibilité d’exercer sa profession, elle est illicite. Il est donc important que la clause soit proportionnée aux compétences du salarié et aux besoins de l’entreprise.
L’appréciation du caractère valable d’une clause de non-sollicitation est soumise à l’appréciation souveraine des juges du fond, qui tiennent compte des circonstances particulières de chaque affaire.
II. Les conséquences en cas de non-respect d’une clause de non-sollicitation
En cas de non-respect d’une clause de non-sollicitation valable, l’ancien employeur peut intenter une action en responsabilité civile contre son ancien salarié et/ou son nouvel employeur. La charge de la preuve incombe à celui qui invoque le manquement à la clause.
Les sanctions encourues peuvent être diverses :
- Versement de dommages-intérêts : le juge peut condamner le salarié ou son nouvel employeur à verser des dommages-intérêts en réparation du préjudice subi par l’ancien employeur. Le montant est fixé en fonction du préjudice réellement subi, qui doit être prouvé.
- Exécution forcée : le juge peut ordonner au salarié de cesser le manquement à la clause et de respecter les interdictions prévues. Cette mesure peut être assortie d’une astreinte, c’est-à-dire d’une somme d’argent à verser pour chaque jour de retard dans l’exécution de la décision.
Il est important de noter que la clause de non-sollicitation ne peut pas être invoquée contre un salarié licencié pour motif économique. En effet, dans ce cas, l’employeur est tenu de faciliter le reclassement du salarié et ne peut donc pas lui imposer des restrictions qui compliqueraient sa recherche d’emploi.
III. La distinction entre clause de non-concurrence et clause de non-sollicitation
Il convient de distinguer la clause de non-sollicitation, qui concerne uniquement l’interdiction faite au salarié de démarcher ou d’embaucher des employés de son ancienne entreprise, et la clause de non-concurrence, qui vise à empêcher le salarié d’exercer une activité concurrente à celle de son ancien employeur.
La clause de non-concurrence doit également répondre à des conditions strictes pour être valable, notamment :
- Etre nécessaire à la protection des intérêts légitimes de l’entreprise,
- Etre limitée dans le temps et dans l’espace,
- Comporter une contrepartie financière pour le salarié.
Ces deux types de clauses peuvent être prévus conjointement dans un contrat de travail, à condition de respecter les conditions de validité propres à chacune d’elles.
En résumé, la clause de non-sollicitation est un outil juridique permettant aux employeurs de protéger leurs intérêts lors du départ d’un salarié. Pour être valable, elle doit répondre à des conditions strictes et être proportionnée aux enjeux en présence. En cas de non-respect d’une telle clause, des sanctions peuvent être prononcées à l’encontre du salarié et/ou de son nouvel employeur. Il est donc important pour les parties concernées de bien connaître leurs droits et obligations en la matière.